L’art d’Haiti

L'art haïtien prend tout son sens et sa genèse remonte très loin, bien avant l'émergence du peuple haïtien, avant l'arrivée des navires négriers et des caravelles de Colomb (1492) .Dans les merveilleuses peintures réalisées par les Indiens Taino sur les murs des grottes et les graphiques colorés qu'ils ont faits sur leurs corps nus et les murs de leurs huttes. La tradition de la peinture a été consolidée et enrichie dans le vent du monde de Saint Domingue avec les œuvres de nègres talentueux et atteindrea connu sa première floraison dans la nation haïtienne nouvellement née sous les gouvernements de Christophe, Pétion, Boyer et Soulouque avec des peintres tels que Thimoleon Dejoie, Numa Desroches, Colbert Lochard et son fils Archibald Lochard. Après une période difficile due en grande partie à l'instabilité politique, à la stagnation économique, à l'essor de la photographie et à l'introduction de la chromolithographie et au cours de laquelle des artistes comme Louis Rigaud, Edward Goldman et Lorvana Pierrot Lagojunis se sont distingués contre toute attente, la peinture haïtienne a connu une renouvellement dans les années 1930. Avec Petion Savain, Georges Ramponneau, Edward Preston et Antoine Derenoncourt en son cœur, l'Ecole Indigeniste a vu le jour ce qui a conduit à la création du « Centre d'Art»En 1944, le« Centre d'Art »a été créé par un professeur d'anglais américain du nom de Dewitt Peters. Il avait été envoyé en Haïti par le Bureau américain de l'éducation comme alternative au service militaire de la Seconde Guerre mondiale. Voyant les œuvres imaginatives qui ont décoré de nombreux temples Vodou, ou Ounfo, Peters, également artiste,soupçonnait le pays d'abriter beaucoup de talents à découvrir. Il a décidé de le trouver et de le promouvoir. De nombreux artistes ont ensuite été découverts, parmi lesquels Hector Hyppolite, Philome Obin, Castera Bazile, Rigaud Benoit, Prefete Duffaut, Jacques E. Gourgue, Wilson Bigaud et Louverture Poisson. Parmi les artistes non primitifs ayant participé très tôt au Centre d'Art, il convient de noter les noms de Luce Turnier, Max Pinchinat, Luckner Lazard, Elzire Malbranche et Roland Dorcely. En 1950, suite à un désaccord, de nombreux artistes dirigés par Lucien Price, Max Pinchinat et Dieudonné Cedor quittent le Centre d'Art pour créer le Foyer des Arts Plastiques. C'est ainsi qu'est apparu le «Réalisme de Cruaute» si brillamment illustré par Cedor, Nehemy Jean, Denis Vergin et Denis Emile. Du «Foyer des Arts Plastiques» émerge la «Galerie Brochette» fondée par Dorcely, Cedor et Lazard. Sans rompre complètement avec l'Indigenisme et le Réalisme de Cruaute, la peinture haïtienne est devenue plus consciente des normes purement esthétiques a pris un plus intellectual et moderneorientation notamment avec Spencer Depas, Villard Denis (Davertige), Jacques Gabriel et Gerard Hyppolite. Rose Marie Desruisseaux s'initie à la peinture à la Galerie Brochette. Au Centre d'Art, André Pierre et d'autres artistes primitifs avaient rehaussé la réputation de l'art haïtien, tandis que Gesner Armand rejoignait les rangs des artistes sophistiqués. Fondée au début des années 1960, Calfou a été la dernière grande association d'artistes haïtiens. Avec Bernard Wah, la peinture prend un tournant décisif vers l'Esthétique de la Beaute. Cette école, plus formelle et moins engagée socialement, a définitivement rompu avec l'Indigenisme. Il trouve son expression la plus énergique dans les œuvres de Bernard Sejourne, Jean René Jerome, Emilcar Simil, Jean Pierre Theard, Jean Claude Legagneur, Jean Claude Castera, Phillipe Dodard et Lyonel Laurenceau. En marge de l'Ecole de la Beaute, il convient de mentionner des artistes tels que Ronald Mews, Célestin Faustin, Edward Duval Carrie, Tiga, Hervé Thelemaque et Wilfrid Daleus. D'un style totalement différent mais qui attire immédiatement l'attention, les œuvres de Sacha Thebaud, Franck Etienne et Marlene Phipps sont réalisées dans un style moderne avancé. Pendant les années 60, Tiga et Maud Guerdes Robard ont également fondé l'école post naïve Saint Soleilde la peinture haïtienne. L'école est née quand ils ont offert aux agriculteurs de Soisson-la Montagne, une zone rurale de Laboule, Port-au-Prince, du matériel de dessin et de peinture. Du mouvement sont nés des peintres tels que Louisianne St Fleurant, St Jean, Prospere Pierre-Louis, Dieuseul Paul, Levoy Exil et Denis Smith. Le mouvement a attiré l'attention de l'écrivain français André Malraux qui lui a dédié un chapteur dans son livre L'Intemporel. Il convient de noter que dans cette tendance, l'œuvre de Stivenson Magloire constitue une déclaration incomparable de l'art primitif.